Allocution du Ministre-Président aux fêtes de Wallonie

Allocution du Ministre-Président aux fêtes de Wallonie
Fêtes de Wallonie 2021 Allocution d’Elio Di Rupo Ministre-Président du Gouvernement de Wallonie

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents d’Assemblée,

Monsieur le Premier ministre,

Mes chers Collègues Ministres-Présidents,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Monsieur le Chef de Cabinet du Roi,

Mesdames et Messieurs, en vos titres et qualité,

 

 

Voici 24 mois, armé de sa toute nouvelle Déclaration de politique régionale, le gouvernement de Wallonie se mit au travail.

Une première version du Plan de transition fut mise à exécution, avec une volonté d’être « absolument moderne » selon l’expression rimbaldienne.

Après plus d’un siècle de pollution intensive, être résolument moderne aujourd’hui, c’est d’abord pouvoir respirer un air pur.

Respirer un air pur et manger sainement.

C’est aussi soutenir l’innovation et investir dans des technologies utiles à la société.

Surtout dans des technologies qui apportent une haute plus-value sociale sans dégrader notre environnement.

Être « absolument moderne », c’est casser la logique de régression sociale à l’œuvre en Europe depuis quarante ans.

Être « absolument moderne », c’est développer des emplois stables, durables et correctement rémunérés.

Nous étions bien partis pour y parvenir… 

 

Et puis, patatras : la covid s’est abattue sur le monde, dévastant tous les pays et n’épargnant aucune population.

En Belgique, près de 26.000 personnes ont été définitivement emportées. 

Le virus a tout déréglé : notre vie personnelle, notre vie économique, notre vie politique.

Au rythme de la pandémie, nos libertés se sont réduites, nos actions ont été freinées, et bien souvent, nos projets ont été reportés.

Aujourd’hui encore, malgré tous les efforts accomplis, la menace reste très grande. 

Nous n’en avons pas fini avec ce satané virus, car la couverture vaccinale reste insuffisante.

Il ne s’agit pas ici d’accabler les personnes qui n’ont pas encore répondu aux invitations à se faire vacciner.

Leur responsabilité, néanmoins, est réelle. 

 

Les personnes non vaccinées doivent bien mesurer les conséquences de leur inaction et de leurs tergiversations.

Le choix est pourtant simple.

Ou bien on accepte la protection salutaire des vaccins, dont tout indique qu’ils sont efficaces.

Ou bien on se prive du vaccin et on s’expose au risque, considérable, d’être contaminé et de mourir dans d’atroces conditions. 

Si pas mourir, du moins souffrir.

Et pendant des mois, conserver des séquelles très invalidantes.

Aujourd’hui, 98% des patients hospitalisés sont des personnes non vaccinées. 

Malgré cela, des craintes importantes persistent chez certaines personnes.

Je les invite, dans leur for intérieur, à faire la balance des intérêts.

La balance entre le supposé danger d’une vaccination, et le danger irrécusable d’une non-vaccination.

Les non vaccinés prennent une lourde responsabilité à l’égard d’eux-mêmes et de leurs proches.

A l’égard de la société dont ils sont partie prenante.

Le virus du covid, comme toute cellule vivante, obéit à la loi de Darwin : 

La cellule évolue, mute, s’adapte, se transforme et se renforce.

Tout nouveau variant est plus puissant, plus agressif que le précédent.

Notre chance actuellement, c’est de pouvoir neutraliser le virus par les vaccins existants. 

Mais plus nous attendrons sans être vacciné, plus nous laisserons le virus muter, plus il deviendra irréversiblement foudroyant. 

Chaque nouveau variant sera plus terrible que le précédent.

Une course contre la montre est donc engagée. 

Si demain, des virus mutés résistent aux vaccins actuels, que ferons-nous ?

Tout sera à recommencer. 

Nous remettrions en route la machine infernale des confinements et des privations liberticides.

Personne ne le souhaite. 

Ni les vaccinés, ni ceux qui préfèrent « attendre et voir ». 

 

L’heure est donc venue pour chacun de faire son examen de conscience.

Et d’assumer ses responsabilités.

 

Monsieur le Président

Mesdames, 

Messieurs,

 

Comme les autres régions, la Wallonie subit donc les affres de l’épidémie de la covid depuis près de 20 mois. 

Et, comme si ce drame sanitaire ne suffisait pas, en juillet dernier, le ciel wallon s’encoléra.

Des vallées paisibles où d’habitude chantaient nos rivières furent submergées.

Des cours d’eau au bord desquels nous aimions nous promener se transformèrent soudain en torrents. 

80.000 citoyens sinistrés. 

38 personnes à tout jamais emportées.

Des milliers de familles gravement dévastées. 

Des centaines d’immeubles effondrés.  

Des dizaines de milliers de foyers sans eau potable, sans électricité, sans téléphone, sans chauffage.

Des situations dantesques, apocalyptiques.

Le gouvernement de Wallonie a bien sûr immédiatement réagi.

Avec les gouverneurs et le gouvernement fédéral, il a organisé l’assistance aux sinistrés. 

Assistance facilitée par les milliers de bénévoles accourus de partout.

Sur-le-champ, le gouvernement de Wallonie a dégagé les premiers moyens financiers nécessaires.

 

Mon Gouvernement s’y était engagé : personne ne sera laissé au bord du chemin !

Nous avons âprement négocié avec les assureurs pour que les sinistrés assurés puissent être totalement indemnisés. 

Par humanité, nous avons également décidé de soutenir les sinistrés non-assurées. 

Le gouvernement s’était engagé à faire l’impossible pour que les sinistrés puissent reconstruire et se reconstruire.

Les milliards nécessaires ont été débloqués.

Dans le ciel noir de ce funeste mois de juillet, une éclaircie est apparue. 

La solidarité, la remarquable solidarité des Belges, des Flamands, des Bruxellois et des Wallons, a fait des merveilles.

Tandis que les flots déferlaient, le personnel soignant, les services de secours, les agents administratifs et techniques, ont agi jour et nuit. 

Ils ont mobilisé toutes leurs forces, souvent jusqu’à l’épuisement.

Les dons ont afflué et les volontaires sont venus de partout, offrant leurs bras et leur générosité.

Du fond du cœur, les ministres de mon gouvernement et moi-même tenons à saluer leur dévouement et à les remercier très chaleureusement.

Merci à toutes et tous pour cette leçon d’altruisme et de fraternité !

 

Mesdames, Messieurs,

« L'homme se découvre quand il se mesure à l'obstacle », aurait dit Antoine de Saint-Exupéry.

Chez nous, l’obstacle est doublement titanesque : 

l’épidémie d’une part, les destructions engendrées par le déluge d’autre part.

Et pourtant, nous en viendrons à bout, c’est mon engagement.

Rien n’altérera la volonté du gouvernement.

Rien ne le fera dévier de la trajectoire ambitieuse qu’il s’est donnée dès les premier jours de sa formation.

Tous les chantiers du futur restent ouverts, et nous mettons les bouchées doubles.

Un plan de relance de la Wallonie de plus de 7 milliards d’euros a été défini.

Une partie de cet argent sera naturellement consacrée aux réparations et à la reconstruction des zones sinistrées.

 

Le gouvernement continuera à aider les personnes éprouvées.

Il le fera avec une détermination sans faille.

Dans la foulée, il réalisera son ambition fondatrice, celle qui conduira les citoyens de Wallonie vers le succès.

Cette ambition, traduite dans le Plan de relance de la Wallonie, mise d’abord sur la jeunesse.

Une place déterminante est en effet accordée au remodelage de la formation des jeunes. 

La formation en alternance fera l’objet d’une refonte en profondeur. 

Un effort de formation professionnelle sera également accompli. 

Nos jeunes doivent être mieux outillés, plus aptes à occuper les milliers d’emplois qui leur tendent les bras.

Les compétences linguistiques des jeunes Wallons doivent être augmentées significativement, avec une priorité accordée au néerlandais.

Nous devons nous comprendre et vivre en synergie avec la Flandre. 

Le Plan de relance de la Wallonie accorde ensuite une place importante à la recherche scientifique appliquée et à l’innovation d’excellence.

A la créativité.

A la créativité, fruit de l’audace.

Désormais, l’intelligence est notre matière première.

Nous nous devons de la développer au summum de nos capacités.

Un autre aspect fondamental de la politique gouvernementale concerne la soutenabilité environnementale.

 

Ainsi, un programme exceptionnel de rénovation énergétique des immeubles et logements est établi. 

Des actions concrètes sont programmées pour nous engager dans une mobilité durable. 

Une attention toute particulière est portée à nos richesses naturelles que sont l’eau et la biodiversité.

 

Sur le plan économique, le redéploiement de la Wallonie est la priorité des priorités. 

Nous voulons une Wallonie au dynamisme économique débordant. 

La souveraineté alimentaire et l’économie circulaire sont encouragées.

Un vaste programme de numérisation des entreprises est programmé. 

Une nouvelle politique industrielle est élaborée.-

Des friches industrielles proches des zones urbanisées seront assainies. 

Le tourisme en Wallonie sera développé comme moteur économique et culturel.

Les beautés naturelles et le patrimoine exceptionnels seront mis en évidence.

La Wallonie rayonnera au-delà de nos frontières.

Des mesures se concentreront enfin sur le bien-être, la solidarité et l'inclusion sociale des citoyens.

A cet égard, une importante ambition anime le gouvernement.

 

Nous voulons sortir de la pauvreté des personnes qui, malheureusement, connaissent de grandes difficultés. 

Un énorme effort sera accompli pour lutter contre la pauvreté. 

Nous devons éradiquer la pauvreté.

L’accès au logement sera prioritaire.

La rénovation et la construction des logements sociaux seront redoublées, en particulier dans les zones sinistrées.

L’accès aux droits fondamentaux civils, politiques, économiques, sociaux et culturels sera conforté.

 

La première ligne de santé sera financièrement soutenue. 

Un effort particulier sera enfin consenti en faveur du sport d’excellence, catalyseur de vocations.

Oui, nous voulons que la Wallonie demain, en Europe, fasse partie des meilleurs élèves de la classe.

 

Mesdames, 

Messieurs,

 

Jamais la Wallonie n’avait subi, à répétition, de tels coups du sort.

Mais jamais non plus la Wallonie institutionnelle n’avait mis sur pied un plan de relance d’une telle ampleur.

Je voudrais vous convaincre d’une chose.

Mes collègues et moi sommes soudés par une seule et même ambition : offrir aux habitants de notre Région une vie bien meilleure que celle de leurs parents.

Une vie beaucoup plus saine, dans un environnement sauvegardé. 

Une vie nettement plus active, plus stimulante et plus épanouissante.

Une vie plus heureuse avec une sécurité d’existence accrue pour chacun.

Mon gouvernement nourrit le désir intense de transformer positivement la Wallonie.

De tourner la page des difficultés structurelles.

De faire éclore des entreprises propres, tournées vers l’innovation et la création de richesses.

De multiplier les emplois de qualité, stables et bien rémunérés.

 

Notre ambition reste intacte. 

Et, les derniers événements n’y changeront rien. 

Bien au contraire, notre volonté n’est que renforcée.

Nous redoublerons d’effort pour y parvenir.

 

Mesdames, Messieurs,

En Wallonie, l’heure est au sursaut collectif.

Les mesquineries, l’esprit de clocher, les intérêts particuliers, les lobbies sans vision doivent passer au second plan. 

Seule compte à présent la finalité qui nous transcende, à savoir le rétablissement définitif de notre Région.

Pour y parvenir, j’en appelle à l’union des forces vives.

Syndicats, dirigeants d’entreprises, administrateurs d’organismes publics, responsables d’associations, acteurs de terrain.

 

Mandataires, gouvernants, décideurs.

 

Tous.

Tous, nous avons un rôle positif à jouer dans la reconstruction et le relèvement de notre Wallonie.

Tous, nous devons montrer que la Wallonie est une Région combative, inventive et pleine de ressources.

Notre prestigieux passé donne une idée de ce dont les Wallons et Wallonnes sont capables. 

Les femmes et les hommes de notre époque ne sont pas moins intelligents ni moins volontaires que nos prédécesseurs. 

D’Arlon à La Hulpe, de Mouscron à Verviers, partout en Wallonie les initiatives se multiplient. 

Une nouvelle économie prend son essor.

La Wallonie s’active et se modernise.

Les talents sont là, c’est une évidence.

Les Wallons en veulent, c’est une certitude. 

Ce dont ils ont le plus besoin aujourd’hui, c’est de retrouver la confiance. 

Le gouvernement s’y attelle. 

 

Ensemble, par notre travail et notre engagement, nous allons briser les fausses fatalités et libérer nos formidables aptitudes.

Mon gouvernement prendra sa large part dans cette renaissance.

Il sera toujours aux côtés de celles et ceux qui créent, qui innovent et qui entreprennent. 

Il n’oubliera jamais les plus faibles et les plus vulnérables.

Le gouvernement fera tout ce qui est possible pour que chaque talent soit encouragé, chaque effort récompensé.

J’attends aussi, de toutes les personnes qui exercent une influence, qu’elles soient les relais de cette grande ambition de régénération.

 

Mesdames, Messieurs,

Vous l’avez compris.

L’espoir est de retour.

L’avenir appartient aux enthousiastes !

L’avenir appartient aux audacieux !

Soyons de ceux-là. 

 

Merci pour votre attention.

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